Une histoire qui a dû vous arriver
Du
pied de l’escalator, qui vient de me cracher en queue de train, j’aime admirer
l’obstination intarissable et quotidienne des gens à avancer en troupeau et
converger tous vers le milieu du quai … Comme si l'herbe était plus verte là
bas… au milieu.
Ne pensez
pas que je me plains ! bien au contraire : grâce à ce comportement instinctif
de la foule, j'augmente mes chances de monter dans le train du premier coup. Je
dis « j’augmente mes chances » car malheureusement je ne suis jamais
la seule brebis galeuse du troupeau. Ça serait trop beau et rien n’est jamais
trop beau.
Le
train arrive, fidèle à sa réputation : blindé.
Je me
place au milieu d’un petit groupe, devant la dernière porte de la dernière rame,
je me fonds dans la masse et me laisse emporter par elle. Comme à chaque fois,
un drôle de phénomène physique se produit : le groupe d’individu de tout à
l’heure devient de plus en plus compact jusqu’à ce qu’il forme une et une seule
entité qui pousse, se compresse et essaie de s’introduire en entier tant bien
que mal dans la rame avant que les portes ne se referment. Des fois elle y
arrive des fois elle laisse ses jambes sur le quai.
Son
haleine matinale me fait perdre mes illusions et m'envoie chercher le luxe de
respirer un air " potable " ailleurs, j'exécute avec brio une semi-rotation de 90° et je me retrouve nez à nez
avec un petit gros qui m'accueille avec un drôle d’air.
Fuir
ce regard pernicieux...
Mais
comment ? Impossible de chercher refuge dans les lignes de mon bouquin
:
il repose dans mon sac coincé entre deux cuisses quelque part... Je
ferme les
yeux, respire, expire et je répète 2 ou 3 fois et les réouvre, pas de
miracle :
le rictus au dents irrégulièrement espacées se fait de plus en plus
insistant. Son faciès est animé par une espèce de mouvement pervers de
ses iris que j'aperçois
à travers ses lunettes sales.
Manifestement,
il y a là un message subliminal que je ne saisi pas.
Regarder
ailleurs… Mais où ? Je baisse la tête... Et BINGO ! Je tombe sur le sujet
de la bonne humeur du Monsieur !
Là,
juste sous son ventre, dont le concave fait écarter les boutons de sa chemise,
se niche l'objet de sa fierté.
Trop
fier de l'exploit matinal de son phallus qui a réussi a dépasser la proéminence
de son ventre d'un petit cm, il tenait à partager sa fierté avec moi.
Son
attitude supposait que j’aurai dû me sentir flattée !
Et
dans le cas ou j'aurais encore un doute, il donne un pathétique coup de bassin
vers l'avant histoire de donner plus d'amplitude à son érection.
Ce
geste est d'autant plus ridicule que son ventre n'avance pas moins que le
sujet en question.
J’aurai
bien voulu lui expliquer que ça aurait été plus intelligent et plus efficace de
retenir sa respiration et rentrer son ventre. En
même temps s'il avait un peu plus que deux neurones il ne serait pas en train
d'exhiber son corps d'athlète... du lancé de poids… et d'un autre côté, s’il avait eu le corps d'un nageur olympique, ça
aurait été le petit blondinet à ma gauche qui y aurait eu droit …