Boire, fumer et PARLER ...
Quelque part dans Paris,
profitant des dernières soirées douces de l’année, pendant lesquelles on peut
encore se permettre de siroter nos Caipirinha et autre Cosmopolitan et profiter d'une agréable et grande terrasse parisienne.
Les tapas marocaines avaient bien le goût du pays
et la discussion était bien engagée.
Et ce soir au rythme des clopes et des verres de vin marocain, (oui nous sommes passés au vin par la suite), j’ai fait le constat que je fais à chaque fois que nous sommes plus de trois à discuter d’un sujet.
Je vous fais part du fruit de mes constations.
La « discussion » naît d’un sujet unique. Elle est alors une idée simple, une cellule ronde et sans relief. S’enrichit, parfois change de sujet, une espèce de mutation spontanée, puis elle grossit et mûrit de façon nuancée dans l’esprit des uns et des autres. Au fur et à mesure, elle prend la forme d’une perle multi-facettes dont le nombre de faces est proportionnel aux gens qui prennent part à la discussion.
La petite superficie, de l’étendu de la discussion, qui a germé dans l’esprit de chacun de nous commence à prendre forme. Un petit embryon qui se développe à son tour, se nourrit des bribes d’information captées ça et là lors des rares moment d'attention qu’on ne passe pas à penser à ce qui se trouve dans nos entrailles.
Vient alors le moment où l’idée atteint son terme et là on est pris d’une envie terrible de l’expulser, les contractions se font de plus en plus violentes, on ravale les mots qu’on n’arrive pas à placer à cause de l’autre qui débite comme une mitraillette.
Le couper, oui on peut mais ça ne se fait pas … On souffre en attendant, les spasmes nous relancent et l’envie est de plus en plus pressante d’exposer son idée montrer aux autres combien notre bébé est beau.
On cherche de nos yeux suppliants une sage femme ou un sage homme qui consente à nous aider à mettre bas notre idée qui risque de mourir en nous si elle ne sort pas à temps.
On finit par croiser d’autres yeux vivant le même calvaire, animés par le même feu, l’envie de parler. Par un consensus bilatéral dont les termes du contrat son implicite : "Je te prête mon oreille mais tu feras de même".
La sous-discussion naît et se détache du corps de sa génitrice.
C’est le moment que j’appréhende le plus. J’ai horreur des sous-discussions. Moi qui n’aime pas manquer une miette d’une conversation et qui ne suis pas multi-taches pour un sous, je fais comment moi !
D’autant plus que les sous-discussion entamées sont généralement complémentaires ! Et ça m’énerve !
Et pour ne rien arranger, les flux d’échange des protagonistes des différentes sous-discussions sont souvent croisés càd que personne ne parle à son voisin que chacun parle à la personne en face, ce qui ne semble déranger personne.
Sachant que ceux qui parlent fort ne sont pas toujours ceux qui disent les choses les plus intéressantes, j’essaie de me brancher sur les échanges de ceux qui parlent bas. Oui parce qu’en plus les affinités se créent par la fréquence de la voix ce qui est logique.
Ceux qui parlent fort accaparent la discussion, ceux qui parlent bas n’arrivent pas à en placer une et du coup : ils essaient de se créer leur propre groupe. Un peu comme dans les partis politique. Mais bon ça c’est un autre débat.
Le flux de la discussion mère
finit par se tarir et c’est là que le premier groupe ayant épuisé leur stock
d’avis et d’idées revient à la charge et essaie de se déverser dans le ruisseau qui a dévié tout à l’heure.
La discussion redevient unique et le cycle reprend …